“Marie” a trimé au port de pêche "pour que ses enfants aient une vie moins dure". Mais cette femme ouverte et généreuse préférait l’ambiance de naguère, quand on pouvait parler et rire avec ses collègues. Plus question aujourd’hui : “le lundi, c’est des heures d’affilée à toute vitesse parce que le camion attend.”
“François”. A la chaîne dans l’industrie automobile, il sourit avec ironie en décrivant ses gestes : en 2 minutes, il pose le tableau de bord et passe à la fixation des sièges arrière sans même relever la tête ! Artiste et raffiné, il souffre de devoir engloutir son déjeuner en cinquième vitesse (11 minutes de pause à midi).
“Jacques”. Dès l’adolescence, cet homme lucide et dur à la peine a dû hisser d’énormes rouleaux de câbles sur les poteaux électriques. L’émotion l’étreint à l’évocation de ce labeur qui l’a laissé brisé à l’aube des seules vraies vacances du travailleur de force : la retraite.
Mais en profitera-t-il vraiment ?
Henri, retraité depuis quatre ans. Son imposante bibliothèque laisse deviner le philosophe derrière l’ancien ouvrier biscuitier. Henri pose une question essentielle aujourd’hui : les difficultés économiques excusent-elles le manque d’égards pour la santé de ceux qui nous apportent nourriture et confort ?
